Lorsque le corps prend la parole, c’est l’âge de vivre au rythme de ses pas.
Depuis plus de mille ans, les routes qui mènent à Saint Jacques de Compostelle tracent dans toute l’Europe une constellation vivante de lieux, de rencontres et de partage. Si le pèlerinage en constitue depuis toujours l’essence, les marcheurs qui empruntent aujourd’hui le Chemin ne sont pas obligatoirement pèlerins. Ils intègrent cependant une communauté humaine et universelle dont les pas et la mémoire font résonner les lieux traversés d’une musique particulière. On peut expliquer l’engouement pour le Chemin par des motivations sportives, écologiques ou sociales : quoi qu’il en soit, tous ceux qui en ont vécu cette l’expérience témoignent qu’il est bien plus qu’un sentier de randonnée.
Rencontrer l’autre, mais aussi se rencontrer soi-même. Au fil des kilomètres, un dialogue intérieur s’installe.Pourquoi marcher, et vers quel but? Sentir son corps, les résistances dans les muscles et dans la tête ; vouloir aller plus loin, atteindre l’étape ; goûter au bonheur du chemin parcouru ; se reposer, se retrouver. Prendre le temps et se préparer à la prochaine étape.
Sur le chemin, chaque pas a sa signification, et chaque minute son importance. Ces choses que l’on ne voit jamais, en voiture ou en train, ces sons et ces odeurs : la découverte passe par les sens qui s’éveillent, par le corps qui participe pleinement, et par l’esprit qui, délivré des entraves du quotidien, se fortifie et retrouve son potentiel.
Et lorsque le corps et l’esprit, dans un même élan s’unissent pour arriver à l’objectif, qu’il soit le gîte du soir ou la solution à un problème personnel, alors nous pouvons avancer vraiment sur notre propre chemin, ce que nous sommes et que nous devenons.